Chirurgie orthognatique ou ostéotomie des maxillaires
Pourquoi opérer ?
Les anomalies de l’occlusion dentaire ont des conséquences à court, moyen et long terme qu’il faut connaître car elles justifient l’intervention chirurgicale. En effet, cela peut entraîner :
- Des risques importants de déchaussement des dents ;
- Une pathologie des articulations des mâchoires (temporo-mandibulaires) avec des douleurs, des craquements, des claquements, des contractures musculaires ;
- Une gêne à l’alimentation ou à l’élocution ;
- Un retentissement esthétique en cas d’anomalie importante de position ;
- Une difficulté voire une impossibilité de mise en place de prothèse (dentier).
Généralement, l’ostéotomie est associée à un traitement orthodontique réalisé avant et poursuivi après l’intervention (en général 3 à 6 mois) en accord avec l’orthodontiste.
Comment se déroule l'intervention ?
Dans la plupart des cas, le maxillaire est abordé par des incisions de la muqueuse buccale (pas de cicatrice extérieure). Le chirurgien découpe l’os ce qui permet de le déplacer dans la direction prévue avant l’intervention. Les fragments osseux sont alors fixés par des mini-plaques en titane (ostéosynthèse). Des points de suture sont mis en place dans la bouche. Ils disparaissent en 2 à 4 semaines ou sont ôtés en consultation.
Un blocage de la mâchoire du haut avec celle du bas est souvent réalisé. Les modalités et la durée du blocage seront précisées par le chirurgien.
La consolidation osseuse est obtenue au bout d’environ un mois et demi.
Suivant les cas, le matériel d’ostéosynthèse peut être retiré quelques mois après l’intervention.
Les suites opératoires habituelles et les soins postopératoires
Le gonflement des joues et des lèvres (œdème) est très fréquent et parfois important.
Une excellente hygiène buccale est essentielle. Des bains de bouche vous seront prescrits. Après chaque repas, les dents et les gencives devront être nettoyées avec une brosse ultra-souple. Un jet hydropulseur peut également être utilisé.
La douleur est modérée, cède avec des antalgiques et disparaît en quelques jours. Des vessies de glace enrobées dans un linge (pas directement sur la peau) diminuent le gonflement et la douleur.
Si les mâchoires sont bloquées, une alimentation liquide est à prévoir la durée du blocage. En l’absence de blocage, une limitation de l’ouverture buccale est fréquente pendant quelques jours. Une alimentation molle sera poursuivie durant environ 1 mois. On perd souvent du poids après l’intervention ce qui peut entraîner de la fatigue.
Le déplacement des maxillaires peut s’accompagner d’une modification morphologique et donc esthétique du visage.
L’ostéotomie du maxillaire inférieur entraîne des troubles de sensibilité de la lèvre inférieure, du fait du trajet des nerfs dentaires dans la mandibule (sensation d’engourdissement au niveau de la lèvre inférieure, du menton, et des dents mandibulaires). Cette insensibilité peut durer de quelques semaines à quelques mois (parfois jusqu’à 1 an) et récupère spontanément sans traitement particulier.
Après ostéotomie du maxillaire supérieur, la mobilité et la sensibilité de la lèvre supérieure sont parfois diminuées, et le nez peut rester bouché pendant une semaine. Ces troubles vont progressivement s’estomper mais la récupération peut être longue.
Les précautions à respecter
Lorsque les mâchoires sont bloquées, il faudra toujours avoir sur soi une paire de ciseaux, pour pouvoir couper les fils entre les deux mâchoires en cas d’urgence. En cas de vomissements, gardez votre calme et penchez-vous en avant pour que les liquides puissent s’évacuer entre les dents.
Sports : pas avant 3 semaines pour les activités sans aucun risque traumatique (vélo d’appartement par exemple), pas avant 2 mois pour les activités habituelles et pas avant 3 mois pour les sports à risques.
Les risques
Des saignements abondants sont rares au cours de l’intervention et peuvent exceptionnellement nécessiter une transfusion de sang, voire un geste chirurgical complémentaire.
Dans 5 % des cas d’ostéotomie du maxillaire inférieur, il peut persister des troubles de la sensibilité de la lèvre inférieure, du menton, de la gencive et des dents. Au-delà de la 3ème année le déficit séquellaire peut être considéré comme définitif.
Une infection des tissus mous de la joue (cellulite) peut survenir quelques jours à quelques semaines après l’opération et nécessiter un traitement adapté.
Des traits de fracture imprévus lors de la section osseuse peuvent entraîner une durée prolongée de blocage des mâchoires.
Un retard ou une absence de consolidation osseuse, souvent favorisés par des facteurs extérieurs (traumatisme…), est très rare et nécessite de réaliser à nouveau un blocage des mâchoires et parfois une greffe osseuse.
Des anomalies de positionnement des dents peuvent être constatées plus ou moins tardivement. Si elles sont minimes, elles sont corrigées par le traitement orthodontique postopératoire qu’il faut alors prolonger. Dans les cas exceptionnels où elles sont importantes, elles peuvent justifier une réintervention.
Des troubles des articulations des mâchoires peuvent se manifester (ou s’aggraver s’ils sont préexistants) après ce type de chirurgie. Ils sont généralement bénins et s’améliorent le plus souvent spontanément en quelques mois.
Ce que vous devez prévoir
La durée prévisible d’hospitalisation est de 3 à 5 jours.
Prévoir une interruption scolaire ou de travail de 15 jours minimum.
Dr Jean-Charles Bayol
88, boulevard des Belges
69006 Lyon, France
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